Le cachet particulier d’un décor ancien
Le décor et l’organisation intérieure d’une maison reflètent les modes de l’époque et le statut de ses propriétaires. Simplicité d’une maison de colonisation, richesse du décor néoclassique et des modes victoriennes au 19e siècle, les intérieurs évoluent avec le temps. Le bois est à l’honneur pour orner les plafonds, les murs, les planchers et les escaliers. Connaître les principaux matériaux et les procédés d’intervention permet de bien conserver ou de restaurer l’apparence d’origine de la maison ancienne.
L’époque de construction
Quelques indices généraux sur les matériaux et les techniques utilisés peuvent nous indiquer la période de construction de la maison. Les pièces de bois et le type de clous utilisés donnent un bon indicateur de leur époque. On doit regarder attentivement les marques de coupe sur les pièces de bois. Avant 1850, on utilise surtout la hache, l’herminette et la scie à chasse, puis la scie ronde des moulins. Au sous-sol, la présence de poutres équarries ou même de troncs d’arbres pour supporter la charpente de la maison est un premier signe d’ancienneté. Le clou découpé « carré ou tranché » est le plus courant dans les assemblages au 19e siècle.
L’évolution du décor
Le bois demeure la principale ressource utilisée. Les angles se garnissent de moulures variées : on retrouve des gorges au plafond, des plinthes au plancher et des encadrements autour des fenêtres et des portes. Le crépi sur lattes est aussi employé sur les murs. Les décors de plâtre, les lambris de panneaux de bois à mi-hauteur des murs et tapisseries se rencontrent plus rarement en milieu rural et doivent être conservés.
Un décor simple au 19 e siècle
Les planches larges et « embouvetées » faites de bois mous d’épinette ou de pin se retrouvent dans tous les types de maison sur les murs ou les planchers (1-2). Les planches des plafonds sont simplement rainurées et les poutres souvent apparentes (3). Les chambranles des portes et fenêtres sont moulurés (4). Les escaliers fermés ou ouverts se situent le plus souvent dans un angle de la maison (5). Le bois est laissé au naturel ou couvert d’un enduit à base de chaux et les peintures sont surtout utilisées pour relever quelques détails moulurés.
Un décor néoclassique au milieu du 19e siècle
Les planches larges de bois mous, d’épinette ou de pin, recouvrent encore les murs et les planchers (1). Les poutres se couvrent de planches et le plafond à couvre-joint avec des gorges larges s’ajoutent au décor (2). Les poutres ainsi habillées de planches ne doivent donc pas être dégarnies. Les chambranles des portes et des fenêtres moulurées s’ornent parfois de corniches (3). L’escalier d’apparat placé au centre de la maison a des balustres droits et rainurés ou tournés. La main courante se termine par un poteau sculpté (4). On utilise plus couramment les peintures pour protéger le bois et faire ressortir les détails du décor en créant des contrastes.
Un décor typique au tournant du 20e siècle
Sur les planchers, les étroites planches de bois franc commencent à remplacer les planchers de bois mous (1). Les planchettes en frêne, en sapin ou en pin, rainurées et «embouvetées» l’une dans l’autre se retrouvent sur les murs et les plafonds (2). Très courantes à partir de 1890, plusieurs de ces planchettes proviennent de la Colombie-Britannique (B.C.Fir). Les chambranles des portes et des fenêtres s’ornent d’une rosette caractéristique de la mode victorienne (3). L’escalier d’apparat placé au centre de la maison a des balustres et un poteau tournés ainsi que des appliques découpées (4). Les palettes de couleurs sont plus variées.
Respecter l’apparence d’origine
Observe
La maison évolue avec ses propriétaires et il n’est pas rare d’observer différents types de revêtements et de décors. La maison principale peut dater du milieu du 19e siècle et l’annexe ajoutée au 20e siècle peut être décorée selon la mode de cette époque. Les moulures, les plafonds, les vieux planchers et les escaliers font toute la richesse et l’originalité d’une maison.
Découvrir
Faire un curetage et enlever du préfini et des tuiles au plafond permet de découvrir les vieux lambris et parfois même les couleurs d’origine et les traces des boiseries disparues. Soyez attentifs! Les teintes de crème, rouge, jaune, bleu et vert obtenues à partir de pigments végétaux ou minéraux sont des couleurs souvent utilisées.
Restaurer le décor d’origine
Inspecter
Vérifier la solidité des assemblages, des escaliers et des moulures. Vérifier si les planchers sont au niveau, une pente forte peut indiquer une faiblesse dans la structure. Consultez un spécialiste si l’usure du bois est avancée ou si la structure même de la maison semble affectée.
Réparer et remplacer
Les planchers et les escaliers requièrent davantage de soins : craquements et fissures obligent parfois des interventions plus complexes. Bien fixer les planches entre elles ou au sous-plancher et à la charpente règle souvent les problèmes courants. Lorsqu’il s’agit de réparer les parties abîmées, un ébéniste peut aisément remplacer et refaire une pièce ou une moulure sur le modèle original. On peut aussi trouver des portes de bois et autres éléments disparus chez les brocanteurs.
Décaper ou peinturer?
Portez attention aux éléments que vous souhaitez décaper. Un bois de belle qualité mérite d’être laissé au naturel tandis qu’un bois plus courant peut être peint, c’est une question de choix personnel.
Le contraste entre la couleur et le bois naturel contribue à mettre en relief certains éléments du décor. Pour connaître les couleurs d’origine, on fait un curetage en prélevant des morceaux des vieilles peintures avant le décapage. Le décapage chimique est long, mais simple et efficace pour les petites surfaces et les moulures. Le décapage thermique est plus rapide, mais nécessite des précautions pour ne pas brûler la surface. On doit ensuite nettoyer la surface décapée avec une laine d’acier à grain fin. Le trempage complet d’une pièce de bois dans une solution chimique est à déconseiller. Attention aux vapeurs et résidus des peintures à base de plomb!
Protéger
Le bois décapé et les planchers de bois sablés sont vernis pour leur protection. On recommande généralement deux couches de vernis au polyuréthane, à l’uréthane ou à l’huile. Un fini satiné est préférable aux finis glacés et luisants. Ils seront aussi résistants, mais donneront une allure plus authentique.
Sur un plancher de bois mou abîmé, trop mince pour être sablé, on peint plutôt avec une peinture résistante, pour obtenir une couche de protection suffisamment durable.
Consultez les palettes de couleurs historiques des fabricants et inspirez-vous des couleurs d’origine de votre maison